En conclusion : les Propositions du Collège de la Médecine Générale.
Les soins primaires sont directement impactés par la transition
épidémiologique qui fait des maladies chroniques un enjeu essentiel de
notre système de santé.
Ces maladies chroniques nécessitent de nouveaux modes d’organisation
avec le patient et avec les autres intervenants du système de santé.
Avec le patient :
- la décision partagée est maintenant un modèle de
fonctionnement reconnu comme nécessaire. Cette décision partagée repose
sur des techniques de la communication facilitée et du partage de la
décision, dont l’ETP est sans doute l’une des réalisations les plus
abouties. Seule une petite partie des patients atteints de maladies
chroniques sont hospitalisés ou sont adhérents de réseaux de santé, et
tous n’ont pas besoin d’une ETP pratiquée dans des structures
spécialisées. De plus, la haute prévalence des multipathologies
chroniques rend illusoire et non souhaitable le découpage d’une ETP par
pathologie. L’éducation thérapeutique en soins primaires, intégrée aux
soins, doit être reconnue et financée.
Avec les autres intervenants du système de santé :
- les coopérations interprofessionnelles sont
aujourd’hui indispensables, pour assurer le plus haut niveau de soins
possible. Ces coopérations vont plus loin que la simple coordination,
puisqu’elles impliquent un véritable partenariat entre les acteurs
concernés. Si les regroupements professionnels en maisons ou pôles de
santé sont une des formes les plus abouties de conditions techniques
facilitant ces coopérations, ils ne pourront pas se généraliser (au
moins avant de nombreuses années) à l’ensemble des professionnels de
santés de premier recours.
- L’organisation sur des territoires de proximité ne
résume pas les coordinations, puisque des ressources ne sont
disponibles qu’à un niveau géographique plus grand : hospitalisation,
services médico-sociaux, structures de prises en charges de
pathologiques spécifiques qui doivent se redéployer en services d’appui
aux soins de premier recours. C’est par exemple une des mutations des
réseaux nécessaires, des structures de soins issues de l’hôpital, qui
ne sont souvent qu’une projection hors les murs de pratiques
hospitalières, pour qu'elles s'intègrent à une vision coordonnée des différents niveaux de soins.
Pour améliorer la prise en charge des maladies chroniques, et le
parcours du patient, le Collège de la Médecine Générale propose de :
1) Renforcer le rôle du médecin généraliste traitant choisi par la population.
- en améliorant la reconnaissance de la fonction médecin traitant
- en reconnaissant son rôle dans l’organisation des
soins de premier recours, et dans l’organisation du parcours de soins
des patients.
Accéder aux soins c'est en premier lieu disposer d'un médecin généraliste traitant.
2) Faciliter la création d’équipes de santé de premiers recours (ESPR).
Organisées en maisons de santé pluridisciplinaire, en pôles de santé,
les équipes de santé de premier recours sont la forme moderne de prise
en charge ambulatoire globale de la santé. Leur formalisation est
importante pour que les pouvoirs publics et les autres structures de la
santé puissent les identifier. Construites à partir d’un projet de
santé sur un territoire, leur formalisation minimale doit être celle
d’une association loi de 1901 : elles permettent de passer de la prise
en charge de la santé d’un patient, d’une patientèle, à celle d’une
population, somme des patientèles de chaque médecin traitant.
Ces équipes ne peuvent fonctionner sans un temps de coordination
rémunéré. La coordination permet de développer des protocoles de soins
et d'établir le projet de soins des patients. L’expérimentation des
nouveaux modes de rémunérations a fait de ce temps de coordination une
activité professionnelle à part entière, reconnue et rétribuée comme
telle. Ce principe doit être pérennisé et généralisé. C'est un puissant
levier pour constituer des équipes de soins. La rémunération est
fonction du nombre de patients et du niveau de structuration de
l’équipe, donc du service médical rendu tant au patient, à la
patientèle qu’à la population.
3) Offrir des soins et des ressources en matière de santé à la population d’un territoire.
L’action des professionnels du 1er recours s’adresserait à la
population d’un territoire : regroupés au sein d’une association loi de
1901 du type « Coordination Santé Territoriale » qui propose des
services à la population dans un projet de santé territorial (éducation
à la santé, prévention, dépistages, éducation thérapeutique et soins
aux malades chroniques).
Cette organisation territoriale permettrait de :
- Développer la collecte et l'exploitation des données de santé qui décrivent les soins apportés.
- Réorienter les réseaux de santé dans les domaines
de la formation et de l'expertise, sans plus se substituer aux équipes
professionnelles.
- Valoriser la coordination entre premier recours,
professionnels du second recours et établissements de soins. Ces
actions permettront d'optimiser l’utilisation des ressources.
Une allocation de ressources aux « Coordinations Santé Territoriale »
pourrait être allouée en fonction des services effectivement rendus à
la population. (cf chapitre introduit dans la LFSS 2013).
Les grilles de progression ou de maturité sont des outils pédagogiques
d’autoévaluation des cabinets et des équipes, pour une montée en charge
qualitative progressive en compétence et en organisation.
Différentes grilles existent, à l’étranger et en France. Ces grilles
devront être simples, appropriées par les professionnels, et non
plaquées.
La HAS a un objectif d’élaboration de la matrice pour aider les équipes
de soins primaires à évaluer et à améliorer leur organisation de façon
à avoir un impact sur la prise en charge des patients. Les dimensions
de la matrice doivent ainsi formaliser des services rendus aux
patients. Il s’agit d’un outil d’auto-évaluation et de démarche qualité
et non un outil d’évaluation externe débouchant sur une labellisation
ou encore un support de financement.
Il y a une exigence de concilier dans cette élaboration :
- la rigueur scientifique en termes d’impact sur la qualité des pratiques
- l’appropriation par les professionnels débouchant sur des démarches effectives de « progrès ».
Une approche pragmatique et progressive doit permettre aux
professionnels installés de s’approprier progressivement les concepts,
les outils et de se mettre en mouvement, à leur rythme.
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