Quelles sont les définitions qui permettent de comprendre le concept des soins primaires ?
Synthèse par MH Certain, à partir de contributions de P. Mercier, T. Bourrez, C. Leicher.
Aujourd’hui, depuis la loi de 2004, chaque personne de plus de 16 ans
doit choisir un médecin traitant. Dans plus de 98% des cas, les
français ont choisi un médecin généraliste (MGT)
Il faut maintenant stabiliser le concept, le rendre opérationnel, et
appliquer complètement la loi de 2004, en donnant un vrai contenu
médical au médecin traitant, au-delà des questions de remboursement.
Les actions réalisées par le médecin traitant peuvent concerner :
- un patient : la prise en charge individuelle de
problème de santé (maladie aigue, chronique, prévention, dépistage ...)
- une patientèle : l’ensemble des patients d’un médecin généralistes traitant (MGT).
Il faudra tenir compte de la sociologie de la population française avec
l’attachement à l’individualisation des soins et donc de la relation
personnelle au MGT.., et permettre à plusieurs MGT de se coordonner
dans leur fonction « traitant », notamment en se remplaçant
mutuellement en cas d’absence ou d’indisponibilité sans que cela
entraine de difficultés de prise en charge des soins par l’assurance
maladie.
- une population : cette cible oblige les
professionnels de santé à changer de paradigme, car ils doivent
développer des actions sur un territoire pour la totalité de la
population concernée, même si une partie aurait choisi d’être pris en
charge par un médecin ou un professionnel hors territoire. Par exemple,
une campagne de sensibilisation pour faire un acte de dépistage ciblera
toute la population. Les campagnes de dépistage actuelles butent sur le
fait d’avoir exclu les MGT de son organisation. La tenue de registre
populationnel est la suite logique de ce niveau d’intervention, avec
l’agglomération de données fournies par des MGT volontaires, rémunérés
pour ce travail. Il en faudra dans chaque territoire pour permettre la
réalisation de diagnostics territoriaux
Qu’est-ce qu’un territoire de santé ?
On parle beaucoup de territoire, mais de quels territoires s’agit-il ?
Le terme de territoire est très à la mode, mais il recoupe en réalité des notions différentes.
Le territoire est fonction de la mission que l’on y développe, et des besoins de santé, au regard de la population.
A côté des territoires administratifs des ARS, plusieurs niveaux de territoire “fonctionnels” peuvent être définis :
- le territoire fonctionnel autour du médecin traitant, la somme des
patientèles, comprenant les patients âgés de moins de 16 ans.
- le territoire géographique de proximité
- le territoire géographique basé sur les différents niveaux de
besoins, par exemple le Dispositif de Permanence des Soins Ambulatoires
(PDSA), les territoires des communautés hospitalières, …
Quelle est la place des coopérations interprofessionnelles et des coordinations ?
Définition Larousse Coopérer : “ prendre part, participer à une œuvre commune”
La coopération interprofessionnelle se définit comme le fait de
travailler ensemble, entre divers professionnels de différents métiers.
Elle associe deux axes : la mise en place de protocoles partagés et la
coordination entre les acteurs, pour échanger, partager. Elle est
centrée sur le patient.
Aujourd’hui, l’amalgame est souvent fait entre définition et concept.
L’article 51 de la loi HPST mis en œuvre par les ARS et la HAS,
définissant les coopérations interprofessionnelles, qui n’est qu’un
dispositif, un outil, est donc beaucoup plus réducteur, et limitatif.
Pour en savoir plus...
Quels sont les différents niveaux de coordination ?
La coordination des soins de 1er niveau du patient est assurée par le
médecin généraliste (Médecin Traitant) dans le cadre de ses fonctions
et des missions données au médecin traitant. Elle devrait être
rémunérée par un forfait MT à développer, modulé en fonction du service
rendu; elle concerne la majorité des MG.
Références :
•
Référentiel métier du médecin Généraliste. Conférence des Présidents des UP généralistes 1999
•
WONCA : définition européenne de la médecine générale – médecine de famille. 2002
• Loi HPST
• Convention médicale
La coordination des soins de 2ème niveau :
La prise en charge des patients en situation complexe hors
hospitalisation (par exemple diabétiques, insuffisants cardiaques,
patients atteints de maladies neurodégénératives, en soins palliatifs…)
est assurée en équipe de soin primaire (ESP) : Médecins
généralistes-infirmiers-pharmacien, et élargie aux autres intervenants
professionnels de santé kinés, sages-femmes, etc...,au secteur social
et médico-social.
Chaque médecin doit pouvoir utiliser les compétences de l'ESP, en
conservant son lieu d'exercice ou en se regroupant, à son rythme , et
sur les thématiques qui le motivent.
Cette coordination a pu être développée par différents dispositifs
dérogatoires comme par exemple les nouveaux modes de rémunérations
(ENMR), le dispositif Asalee d’infirmière d’appui, l’expérimentation
ESPREC
Elle devrait à terme être rémunérée par une allocation de ressource à
l’équipe, prévue par la loi LFSS article 49, dont les modalités et la
mise en place n’ont pas encore été négociées.
Réf : LFSS 2012
La coordination des soins de 3ème niveau,
au service de la population et des professionnels de santé assurant les
soins sur le territoire (coordination des soins à domicile,
coordination ville/hôpital , en coopération avec les structures
sanitaires et sociales). Elle est assurée par une équipe dédiée,
salariée d’un pôle territorial de santé (coordination territoriale
d’appui),
Elle devrait être rémunérée par un forfait versé au pôle de santé par
le Fonds d’Intervention régional (FIR) qui prévoit des contrats
pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM).
Page mise à jour le 31 mars 2014.
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