Les spécificités des prises en charge des maladies chroniques en soins primaires
La transition épidémiologique vers les maladies chroniques
[1]
a considérablement modifié les pratiques des soignants. Les maladies
chroniques sont devenues le principal motif de consultation en médecine
générale (Source : OMG-SFMG 2006-4). Les stratégies de soin sont
bouleversées par cette évolution.
En effet, notre système de santé a été construit sur une vision «
pasteurienne » de la maladie que l’on pourrait, d’une manière un peu
caricaturale, résumer ainsi : un microbe entre dans l’organisme d’une
personne, un médicament tue le microbe, la personne est guérie.
Dans cette vision « pasteurienne » de la médecine, le médicament reste
central, l’ordonnance est le médiateur de ce paradigme. Les
consultations sont des rencontres courtes, centrées sur le triptyque «
signes-diagnostic-traitement ». Elles sont ponctuelles, opportunistes,
le médecin décide, le patient est « observant ». Les problèmes posés
par les patients doivent être résolus en une seule rencontre.
Si cela reste valable (au moins partiellement, pour beaucoup de
maladies aigues), si ce schéma reste d’actualité dans les
représentations des usagers du système de santé, qui voient pour
beaucoup la consultation médicale comme un moment de transition entre
la maladie et la bonne santé, ce paradigme n’est plus opérationnel dans
le cadre des maladies chroniques.
Les maladies chroniques présentent quelques spécificités :
- ces maladies sont chroniques, c’est à dire qu’elle
s’inscrivent dans une durée longue (par définition elles durent plus de
trois mois).
- elles sont pour beaucoup d’entre elles non
guérissables, c’est à dire qu’au mieux, les médicaments soulagent les
symptômes.
- elles ont retentissement sur la qualité de vie des
malades, et sur celle de leur entourage ; elles ont un retentissement
psycho-social important, notamment sur les capacités de travail des
patients. Les articulations des strétgies sanitaires et sociales ont
ici toute leur place.
- elles nécessitent une planification des soins et
des rencontres organisées, coordonnées avec les différents soignants,
du sanitaire et du social. Le dossier médical et son organisation est
devenu un outil de la qualité des soins.
- beaucoup de patients sont atteints de plusieurs maladies chroniques.
- les traitements médicamenteux ne sont que l’un des
aspects des prises en charges. Pour beaucoup de pathologies, le patient
a un rôle essentiel dans son traitement. Par exemple, les traitements
des maladies cardiométaboliques reposent avant tout sur un style de vie
(diététique, activité physique, gestion du stress, …) nécessitant des
changements de comportements importants. C'est toute la place de
l'éducation thérapeutique.
- la décision partagée avec le patient prend une
importance considérable. Cette décision est au mieux construite avec le
patient, matérialisée sous la forme d’un plan d’action, avec des
objectifs opérationnels réévalués avec le patient. Le Plan Personnalisé
de Santé est un outil de cette décision partagée.
Ce second chapitre va en détailler quelques exemples.
Page mise à jour le 31 mars 2014.
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